♦ Le Parfum, histoire d'un meurtrier
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La fiche
5 / 10
Un parfum trop vite évadé ...
Un film de ... Tom Tykwer
Octobre 2006
Avec ... Ben Wishaw, Jean- Baptiste Grenouille
Alan Rickman, Richis
Dustin Hoffman, Guiseppe Baldini
Rachel Hurd-Wood, Laura
etc ...
Synopsis ... Jean-Baptiste Grenouille naît en 1744. Enfant solitaire, introverti et inquiétant, il devient un jeune homme à part grâce à un don unique : son odorat. Grenouille n'a d'autre monde que celui des odeurs dans lequel il évolue avec aisance et naturel. Un soir, le jeune homme, guidé par son sens hors du commun, rencontre sa " destinée", personnifiée par l'odeur unique et magnifique d'une jeune fille qu'il finira par tuer afin de s'enivrer jusqu'à l'extase de sa fragrance. Ce meurtre sera pour Grenouille la révélation du sens de sa misérable existence. Il sera le plus grand parfumeur que le monde ait connu, et apprendra à conserver les odeurs pour ne plus jamais perdre pareille merveille.
" Whatever his insane scheme is... it will surely be incomplete without you. " Antoine Richis
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Alors ?
Tout d’abord il serait bon de dire combien il fut courageux de la part de Tom Tykwer d’adapter le best-seller de Patrick Suskind. L’odorat, on le sait, est au cœur de la vie et de l’histoire de Jean-Baptiste Grenouille. Suskind, dans son livre, parvint avec talent à « retranscrire » l’univers des odeurs par les mots, mais l’on pouvait légitimement douter de la capacité d’un réalisateur à faire de même avec un vocabulaire visuel qui s’avère parfois insuffisant. Ne soyons pas trop exigeants. Car enfin, si l’on sait que ce film reste une adaptation, il n’en reste pas moins un film, difficile qui plus est. Oui, c’est vrai, Tykwer ne réussit pas entièrement dans la durée à rester dans son sujet, et l’on peut parfois trouver grossiers certains stratagèmes pour aborder le don de Grenouille, comme cette improbable façon de filmer dans les collines le traçage de l’odeur de Laure, future victime du parfumeur.
Néanmoins, comment blamer Tykwer dans cet exercice ? Car, dans la première partie de son film, il réussit avec un étonnant brio à s’approprier l’essence même du personnage, son obsession et son don. Les gros plans sur les narines de Ben Wishaw auraient pu paraître ridicules, mais servies par la narration, elles n’en paraissent que plus évidentes. Evidente aussi la scène de la naissance du héros, entrecoupée de plans soudains et rapides sur l’environnement composé d’entrailles et de déchets sanguinolents, véritables illustrations de la puanteur qui vous prend presque ( mais si ) à la gorge. Tykwer n’a de cesse de capturer la nature ambiante, et par la même son odeur par des plans dégagés, simples mais cependant utiles sur les fleurs, les collines, ou même la ville et sa crasse puanteur même s'il se perd un peu dans son sujet passé la première heure de film.
La deuxième, mais pas moins importante difficulté du film était d'incarner à l'écran l'immonde mais fascinant personnage de Jean-Baptiste Grenouille. On pressentait Orlando Bloom pour le rôle ( heureusement le choix du réalisateur ne fut pas celui-ci ... ) ou encore Johnny Depp, qui aurait certainement pu se transformer à nouveau comme il sait si bien le faire, mais au final, on ne regrette pas la performance de Ben Wishaw, tout simplement excellent. Bien sûr, le personnage de Grenouille dans le livre est censé être bossu, boiteux, laid et bien sûr, on ne remarque pas ces caractéristiques dans le film. Mais le physique de Ben Wishaw, imparfait, plat, se prête tout de même au personnage. L'acteur réussit à instaurer le côté froid, inhumain, dénué de sentiment et de vie de Grenouille, ainsi que son obsession pour les odeurs, et pour le parfum des jeunes filles en qui il ne voit que l'intêret de leur fragrance. Tout le long du film il ne quitte pas une seconde son personnage, dont la psychologie est assurée par la voie off et l'interprétation.
Quant aux autres acteurs... Rien à reprocher à Alan Rickman et Dustin Hoffman qui se prêtent avec assez de talents à leurs deux personnages. Sara Forestier n'a pas le temps de nous prouver quoi que ce soit avec son éphèmere apparition et Rachel Hurd-Wood, qu'on avait déjà remarqué dans Peter Pan offre son joli minois et sa candeur à Laure Richis : on n'en attendait pas moins, mais peut-être pas plus non plus.
Mais tous ces bons côtés n'empêchent pas le film de pêcher de certaines irrégularités. La grotesque scene de "partouze finale" en place publique et son interprétation ratée des acteurs et des figurants nous laissent malheureusement un gout amer concernant les superbes scenes des enfleurages et des meurtres ainsi que des plans magnifiques sur les deux jeunes filles rousses ou Jean-Baptiste Grenouille dans la première partie. Quant à la bande son ... elle ne consiste qu'en une piteuse et maladroite tentative où l'on se retrouve à avaler une masse effrayante de crescendos censés figurer le paroxysme de certaines scenes qui n'en deviennent que plus pauvres et insipides. On a tendance à rire jaune en essayant d'effacer ces erreurs de jugement dans les minutes qui suivent mais avant même d'y arriver on reste sur notre déception en avalant en quelques secondes le suicide version cannibalisme de rue de Jean-Baptiste Grenouille, maître de la fragrance parfaite, mais pauvre de sa propre odeur, et par conséquent de son identité.
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En bref
On se doit de dire qu'il ne reste du Parfum, une fois la séance terminée, qu'un plutôt bon divertissement, adapté avec inspiration par moments, raté par d'autres, mais dont on garde peu de saveur une fois la séance terminée.
Les +
- La première heure du film
- Le premier meurtre et la jeune fille
- Baldini
- Ben Wishaw !!
Les -
- L'ennui qui pointe dans la derniere demi-heure
- La scene de partouze
- L'eveque ( sans commentaires )
- Le manque de saveur en seconde partie
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