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La grenouille bleue
15 février 2007

♦ Les fils de l'homme

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La fiche

movieposter_84128 / 10          
Les fils d'un rien ... ...

Un film de ... Alfonso Cuaron
18 Octobre 2006


Avec ... Clive Owen, Theo
             Julianne Moore,
Julian 

            
Claire-Hope Ashitey, Kee
             Michael Caine, Jasper
             etc ...

Synopsis ... L’Homme, en 2027, a épuisé toutes les ressources de la planète. La dernière naissance remonte à près de vingt ans, et le désespoir a engendré à travers le monde un climat de violence, d’anarchisme et de nihilisme exacerbé. L'Angleterre est le seul pays à avoir évité cette descente aux enfers en se dotant d’un régime totalitaire. Dans ce monde en déclin, une jeune femme, Kee, croise la route d'un militant déchu, Théo. Enceinte de huit mois, elle incarne le dernier espoir du genre humain, le miracle que chacun guettait depuis dix-huit ans.


"
As the sound of the playgrounds faded, the despair set in. Very odd, what happens in a world without children's voices. " Miriam

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Alors ?

    Après La petite princesse, Y tu mama tambien ou encore Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, Alfonso Cuaron nous revient avec cette formidable histoire d'anticipation adaptée du roman homonyme de P.D James. Ce film marque plus que tout autre la confirmation du talent du réalisateur mexicain, son audace, et remet au goût du jour l'utilisation quasi-permanente du plan-séquence. Les fils de l'homme, ne déroge pas à la règle visuelle que semble s'être imposé Cuaron tout au long de sa carrière. De superbes plans de lumière, une vue d'ensemble très fine, et une caméra tantôt posée, tantôt tremblante, rendent ces réalisations d'un esthétisme toujours très agréable.


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    Le film possède quelques scènes que l'on peut qualifier d'excellentes. Cuaron réutilise des images collectives marquantes comme le cheminement à travers Bexhill, véritable retour sur la mémoire des camps de concentrations, des génocides et des meurtres raciaux dont la gratuité et la violence font peur, à fortiori dans un monde où la montée du nationalisme n'encourage guère à l'optimisme. Les fils de l'homme renvoie à une situation à laquelle nous sommes d'ores et déjà confrontés. L'anticipation, ici, n'a guère besoin d'être poussée à son extrême tant certaines images nous renvoient à des futurs plus que probables. Dans un monde qui pourrit, se gangrène, où les hommes s'emploient à se hair, qu'ésperer encore si ce n'est l'autodestruction ?

    Le 2027 de Cuaron marque la montée d'un régime totalitaire, envisagé comme seule voie de subsistance. Le fossé entre les peuples se creuse, le terrorisme mondial de masse s'impose, et le culte de la jeunesse semble s'immiscer à coup de matraquage visuel dans les têtes. L'époque est à l'insurrection, mais personne ne croit à un autre "possible". D'ailleurs comment croire, quand le monde est déjà perdu ?


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    Cuaron percute. Toujours. Sa caméra est le véritable spectateur d'une réalité noire, en déclin, d'un monde de cendres et de feu ou l'espoir des rires semble oublié. L'homme tremble, comme ce personnage, Théo, véritable antihéros aigri, fatigué, au dos courbé par le pois des désillusions. Embarqué malgré lui dans une dernière bataille, incertaine, Clive Owen surprend de ténacité : cet homme presque mort, qui a tout perdu, n'a justement plus rien à vivre, et c'est peut-être pour cela qu'il parvient à sauvegarder Kee et son enfant, la promesse qu'ils représentent.

    A regarder le film, cette thématique de la mort liée à la vie est presque omniprésente. Notamment dans une scène toute particulière où l'enfant paraît enfin aux yeux de la population. Véritable miracle, petite chose fragile échappée des bombes, des coups de feu et des cris qui l'entourent, le nourrisson parvient, durant près de deux minutes, à établier un silence mais surtout à réveiller l'humanité qui sommeille en chacun de nous. C'est alors que le génie de Cuaron s'exprime dans toute sa splendeur. Le calme est rompu par une explosion. Les combats reprennent, et le monde oublie. Ce qui tout d'abord aurait pu sembler une scène totalement prévisible et peu originale, voire irritante, se transforme en véritable métaphore intelligente du film.


H


    Dans un monde où les hommes ont oublié la possibilité d'un futur, la haine emplit les coeurs, plus forte que jamais. L'espoir est là,  mais on l'oublie si tôt découvert. Vision ultra-pessimiste où les hommes semblent aspirer au chaos et à l'affrontement. Même l'issue heureuse que représente l'Human Project est infime et incertain, comme le montre la fin du film, mise en suspens dans le flou d'une journée brumeuse. Cet espoir de quelques insoumis qui se cachent du monde ne parvient pas à ajouter une réelle touche de positivité dans ce désordre humain. Seuls les sourires de Julianne Moore ou Michael Caine - fugaces - et quelques figures de bonté silencieuse viennent ponctuer de trop rares lueurs l'ensemble du film.

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F

.

    Cuaron n'hésite pas à sacrifier ses personnages sur l'autel de la crédibilité du sujet. Et même si cela semble un peu lourd au bout d'un moment, on ne peut que saluer ce choix, étant donné la mode très agaçante du "héros intouchable" qui semble atteindre la majorité des productions cinématographiques de nos jours. Les acteurs sont dans l'ensemble justes. Michael Caine, excellent, semble une véritable boussole à laquelle le spectateur, tout comme le personnage principal, se fient. C'est dans son havre de paix - qui sera plus tard saccagé - que l'on se réfugie, se console de quelques rires et se remémore le passé. Son visage de vieux hippie contraste avec les ruines d'un monde extérieur sanglant et poussiéreux. Jasper est la mamoire naufragée d'un passé plus heureux, ou l'enfance riait et où tout était encore possible. Promesse ou nostalgie ? La réponse du film se murmure.

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En bref

    Cuaron signe ici un fabuleux film où l'anticipation se confond aux problèmes de notre siècle, où les questions demeurent et dont les réponses semblent voilées de noir. Il n'est pas question ici de la froideur clinique et élégante d'un Gattaca, intimiste et magistral, mais d'un film plus chaotique, baigné de cendre et de colère, et dont l'espoir  n'est qu'infime. Pour ma part, je donne ma large préférence à Niccol mais suis forcée de reconnaître l'intelligence de fond de ces Fils de l'homme, miroir de notre siècle.

jukebox_chofmeLes +

  • La B.O
  • Michael Caine, Julianne Moore
  • Le travail de réflexion poussé
  • La scène magnifique du personnage de Jasper pour un ultime je t'aime.
  • La maîtrise de Cuaron

Les -

  • La musique du générique de fin
  • Les scènes de cohues, fusillades, très très longues
  • J'ai personnellement du mal avec l'aspect gue-guerre terrorisme / Etat.


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Commentaires
A
Benoît : Merci pour ton avis ! Je vois très précisément ce que tu veux dire. J'avoue que très bêtement je n'y avais pas vraiment pensé, alors que ça semble couler de source. Je ne m'attarderais pas sur ce que tu as dit, partageant exactement le même avis que toi sur la question ... malheureusement. Merci pour la lumière en tout cas ;)<br /> <br /> Hartigan : Contente de voir que l'on partage un même avis sur la dernière perle en date de Cuaron ;) Je suis persuadée que ce réalisateur est une belle promesse pour le cinéma à venir, et ce depuis quelques temps déjà.
H
Ah clairement un excellent crû et mon film préféré de l'année 2006...
B
Tout d'abord merci pour ton compliment que je ne peux que renvoyer pour cet article. <br /> Etant donné que j'ai vu le film il y a trois quatre semaines environ, je peux en parler nettement mieux que pour les précédents commentaires que j'ai laissé. <br /> Tu parlais du côté intimiste de l'homme par rapport aux choses. C'est vrai que c'est une peu mis au second rang dans l'oeuvre de Cuaron. Mais au fond, c'est très logique quand on y regarde l'ensemble du film. A mon sens, l'homme et son rapport aux choses, à la nature, au bonheur simple,... est en train de disparaître au fur et à mesure des années. L'homme a toujours connu l'auto-destruction et il semble qu'en ces temps très difficiles, ce n'est pas prêt de s'arranger. A l'heure actuelle, pour l'être humain en général, c'est de se faire un max de pognon et de se sentir vivre à travers du superficiel. Donc le rapport aux choses simples, au bon temps, à ce qui était cool et bien comme le suggèrent Caine et Owen dans le temps est mis au second degré. L'individu et son rapport aux choses importe PEU voire PAS DU TOUT dans une société, un monde qui est en perpétuelle guerre. Ainsi, Cuaron avec son film parvient à nous faire remémorer la 2eme Guerre Mondiale, le Kosovo, la guerre en Palestine, l'Irak... Tous des conflits qui nous ont touchés ou touchent encore... Et dans ce genre de conflits, l'humanité y est très rare et elle est très vite oubliée une fois que les combats reprennent (d'ailleurs la scène que tu mets en avant est magnifique et m'avait très ému)... Je ne sais pas si tu m'as pleinement compris, mon explication est un peu brouillonne mais si jamais fais le moi savoir et je viendrais réexpliquer ça autrement lol ^^
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